Presque ou presqu’, avec ou sans élision

Relecture et orthographe

Encore, aujourd’hui, la manière d’enseigner un langage, c’est : à coups de « règles », à coups de « dictionnaire », à coups de « grammaire », à coups de « c’est comme ça ». Tiens, par exemple, beaucoup de personnes pensent « qu’à coup de » s’écrit au singulier. C’est faux ! « À coups de » est toujours au pluriel !

Alors imaginez quand j’ai dû expliquer à un ami allemand désireux de bien maîtriser la langue de Molière le mot presque ou presqu’… Surviennent ainsi les trop nombreuses exceptions qui émaillent le « bon usage » et, de ce fait, les problématiques de l’apprentissage du français.

« L’absurdité de notre orthographe, qui est, en réalité, une des fabrications les plus cocasses du monde, est bien connue. Elle est un recueil impérieux ou impératif d’une quantité d’erreurs d’étymologie artificiellement fixées par des décisions inexplicables » Paul Valéry

 

Un élément à retenir : Presque n’est élidé que dans le mot presqu‘île. 

L’intolérance, qu’ont exprimée les anciens à cet irritant adverbe, est nonobstant fort sélectif. Ils ont admis, et même prescrit, que l’on écrive presquE Autan.

Mais la langue française n’étant pas simple, je me dois de développer, ce serait trop facile, n’est-ce pas ?

Pour respecter la bonne orthographe, dois-je écrire que c’est presqu’à la fin de cet article que vous trouverez son exception ? Ou plutôt presque à la fin ?

 

Presque ou presqu’, telle est la question…

Voilà encore bien un mot sur lequel il est facile de trébucher. D’autant qu’en règle générale, il est de rigueur de remplacer le e par une apostrophe dans parce que, puisque que, ainsi que… lorsque le mot suivant commence par une voyelle.

« C’est pas parce qu‘ils sont nombreux à avoir tort qu’ils ont raison! » Coluche

Toutefois, il n’est pas possible d’écrire presqu’à ou presqu’en… Presque ne perd jamais son e, quelle que soit la combinaison qui se propose à vous.  

« Conseiller, c’est presque aider. »  De Plaute 

Et ce n’est pas nouveau. Cette règle existait déjà au XVIIIe siècle.

 

L’élision, une disparition réglementée

Je n’apprendrais rien à personne en disant que l’élision est la suppression d’une voyelle en fin de mot devant celle commençant le mot suivant. Sauf, bien entendu devant un h aspiré et quelques autres exceptions dont ce n’est pas ici le propos (huit, onze, un (parfois) et les mots commençant par y).

Mais si on écrit puisqu’à partir de demain il fait beau, pourquoi ne pourrions-nous pas écrire presqu’aussi beau qu’aujourd’hui ?

D’ailleurs, à l’oral, nous ne faisons pas de distinction. L’élision est naturelle, le contraire heurte l’oreille. Qui irait dire : parce que aujourd’hui ? Personne !

Pourtant un tel effacement paraîtrait d’autant plus normal que presque est composé de près et de que et que ce dernier perd très souvent son e devant une autre voyelle. On écrit bien qu’habituellement et non pas que habituellement, par exemple.  Ou encore qu’à partir et non pas que à partir.

 

Entorses à la règle

Pourtant, si l’on en croit Grevisse : Pour presque, il y a de l’hésitation dans l’usage, même chez les spécialistes du français. Ainsi, nous avons un

projet presqu’irréalisable  chez R. Martin du Gard

C’était déjà presqu‘un sourire  pour Gide

Ou encore

presquun enfant   sous la plume de F. Mauriac

Ainsi quelques auteurs de renom s’offrent-ils le plaisir de l’élision.

 

Exception qui confirme la règle

En géographie, on dit d’elle que c’est une terre qui est presque une île. Elle est reliée au continent par une mince bande de terre, appelée isthme.

En orthographe, on peut dire que c’est une exception. En effet, de même que le e de quelque ne s’élide que dans quelqu’un, celui de presque ne disparaît que dans presqu’île.

Pourquoi me direz-vous ? La réponse semble simple : Parce que cela n’a jamais été écrit autrement.  « Élémentaire mon cher Watson. »

Maintenant, je suis presque assurée que vous ne ferez plus la faute. En effet, c’est quand même plus facile de retenir une seule singularité. Et il n’y a pas beaucoup de règles de grammaire qui en connaissent si peu.

Bien sûr, il y a toutes les autres qui peuvent vous faire hésiter, parce que la beauté d’une langue réside parfois dans sa complexité. Pourtant, ne vous empêchez pas d’écrire… Romans, articles, thèses, ou tous types d’écrits, si vous n’êtes pas sûr de vous, vous pouvez toujours faire appel à des spécialistes de la rédaction et de la correction orthographique. Demandez-nous un devis.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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