Non, l’accord des adjectifs de couleur ne relève pas d’une histoire de goût ! Il ne se discute pas.
C’est, là encore, une règle de grammaire qui demande souvent vérification. Quand et où dois-je mettre un « s » ? Il ne s’agit pas d’écrire au petit bonheur la chance, mais bien de se poser les bonnes questions. Car tout est affaire de nuance dans ce domaine.
De la simplicité avant toute chose
Les adjectifs simples, ceux que l’on rencontre le plus souvent, s’accordent avec le nom auquel ils se rapportent :
- Une robe verte
- Des cheveux bruns
- Des coussins rouges…
Jusque-là, c’est facile.
Attention, ça se corse !
Si le mot qui désigne la couleur est un nom commun pris sous sa forme adjectivale, il reste invariable :
- Paille
- Orange
- Jonquille
- Noisette
- Marron…
On écrira donc des tissus paille, des complets marron, des yeux noisette, des fleurs orange…
Quelques exceptions : Écarlate, fauve, incarnat, mauve, pourpre, rose – qui prennent l’accord.
Un peu d’aide
Voici la liste des noms communs qui restent invariables dans leur forme adjectivale :
Abricot, acajou, amadou, amarante, améthyste, andrinople, ardoise, argent, aubergine, auburn, aurore, azur, basane, bistre, bitume, brique, bronze, bulle, cachou, café, capucine, caramel, carmélite, carmin, céladon, cerise, chamois, champagne, châtaigne, chaudron, chocolat, citron, coquelicot, corail, crème, crevette, cuivre, cyclamen, ébène, émeraude, feuille-morte, filasse, framboise, garance, grenat, groseille, havane, indigo, isabelle, jade, jonquille, kaki, marengo, marron, mastic, moutarde, nacarat, nacre, noisette, ocre, olive, opéra, or, orange, paille, pastèque, perle, pervenche, pie, pistache, ponceau, prune, puce, réséda, rouille, safran, saphir, saumon, sépia, serin, soufre, tabac, tango, thé, tilleul, tomate, topaze, turquoise.
On ne vous demande pas de l’apprendre par cœur, elle est longue !
Pas de deux… Pas facile !
Sont invariables les adjectifs qui vont par deux ou par trois et qui ne qualifient qu’un substantif :
- De l’ancre bleu-noir
- Des tons jaune-orangé
- Des yeux bleu-vert…
Vous noterez le trait d’union entre eux.
Mais ils peuvent aussi être réunit par la conjonction de coordination « et » :
- Des galons or et noir
- Des chemises écarlate et bleu (avec de l’écarlate et du bleu)
A trois, ils sont séparés par une virgule :
- Des cocardes bleu, blanc, rouge.
Par contre, si vous écrivez jaune citron, gris perle, bleu azur, vert olive, vous ne mettrez pas de trait d’union. En effet, il faut entendre par là : « jaune comme un citron », « gris comme la perle », « bleu comme l’azur », « vert comme l’olive » …
Pour ne pas être de reste
L’adjectif reste invariable lorsqu’il est suivi d’un autre adjectif qui le modifie. Il s’écrit alors sans trait-d’union. Attention à la subtilité, elle demande un peu d’attention. Il ne s’agit plus de deux couleurs côte-à-côte. Ainsi, vous aurez :
Des cheveux châtain clair, des reflets vert doré, des tons gris bleuâtre…
Un dernier pour la route
La forme adjectivale d’un nom composé s’écrit avec des traits d’union et, bien entendu, est aussi invariable :
- Une étole gorge-de-pigeon
- Un papier feuille-morte
- Un tissu tête-de-nègre
- Des tentures lie-de-vin.
Vous l’avez compris, l’accord demande analyse. Mais rien d’insurmontable toutefois. Vous avez maintenant tous les éléments pour faire le bon choix.
Qu’ils soient de couleur ou non, n’oubliez pas que les adjectifs sont là pour embellir les mots, pas pour les noyer dans la masse.
Si votre plaisir d’écrire s’émousse devant la complexité de certaines règles de grammaire, ne baissez pas les bras. Faites-vous plutôt accompagner pour gagner en assurance et, de fil en aiguille, donner à vos lecteurs de quoi se divertir agréablement.
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