Barthélemy Art

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Cette dernière décennie, l’impression 3D s’est développée dans le domaine de la sculpture. Cette technique propose un reflet fidèle de notre monde dématérialisé : quoi de plus congruent pour brosser et questionner un univers de plus en plus numérique qu’un outil sans corps ? N’est-ce pas là un nouveau mode artistique ? Découvrons ce monde avec Barthélemy art et son directeur François Bouis.

Barthélémy Art François BouisTechnique de sculpture, bienvenue dans l’antre de Vulcain

Née au cours des années 80, Barthélémy Art est une entreprise crestoise située dans la Drôme. Rappelons au visiteur la beauté de la statue de “L’insurgé” à Crest. À l’origine, elle œuvrait uniquement dans le funéraire, l’une des dernières fonderies de bronze grand-feu. La passion et le savoir-faire de l’équipe permettent la réalisation de bronzes de qualité exceptionnelle.

François Bouis, alors directeur, développe la partie art à l’intérieur de la fonderie funéraire. Ce sont aujourd’hui deux entreprises : Barthélemy Bronze dirigé par Simon Bouis et Barthélemy Art piloté par Pierre Abattu. La scission a eu lieu en 2003. Comme il y avait deux locaux différents, c’était plus simple de séparer les deux activités. En effet, ce ne sont pas les mêmes clients, les mêmes techniques, ni les mêmes métiers.

Fonderie traditionnelle, l’entreprise compte 22 personnes, pour un chiffre d’affaires de 2,5 millions de chiffre d’affaires. Quand François Bouis, toujours gérant de cette dernière, a vendu la société Barthélemy Bronze, il s’est intéressé à la technologie 3D, intégrant alors une technologie de pointe.

François Bouis ou le rêve d’un curieux

« Quant à l’industrie, qui est la préoccupation visible de ce temps, son but, actif et généreux, sera la multiplication populaire de ces merveilles, célèbres ou uniques… » Stéphane Mallarmé

L’art fait partie de nos vies, la sculpture sur bronze de nos références collectives. Barthélémy Art ne collabore qu’avec des artistes. Alors, pourquoi le choix de l’impression 3D ? Le procédé existe depuis le milieu des années 80. La paternité de l’impression 3D est attribuée à Charles Hull. Des années plus tard, en 2009, le brevet est tombé dans le domaine public, ce qui a contribué au développement de l’impression 3D de façon très importante.

Pour ce qui concerne la sculpture, les imprimantes 3D permettent, entre autre, d’agrandir des sculptures. Avant, lorsqu’un sculpteur voulait faire une très grande statue, il pouvait la façonner en taille réelle. Mais le plus souvent, il la faisait à une dimension moyenne, celle qu’il avait l’habitude de travailler. Un agrandissement pouvait être exécuté au point, méthode qui consistait à prendre des mesures ou un réseau de repères sur le modèle et à les reporter le plus précisément possible sur le bloc à tailler. On pouvait, pour cela, utiliser une sorte de compas qui permettait de marquer ces points. C’était une technique très artisanale, traditionnelle, utilisée depuis des siècles.

Pour appréhender l’impression 3D, des compétences spécifiques sont exigées. Aussi François Bouis et son équipe d’informaticiens ont-ils eu besoin d’identifier les qualités et contraintes de ce procédé. Après l’obtention de l’accord du sculpteur pour reproduire sa pièce, le premier objet conçu numériquement, « le Vent », a vu le jour.

Barthélémy Art, la différenciation concurrentielle

La conception assistée par ordinateur permet d’imprimer en plus grand ou en plus petit. Au lieu de mouler la sculpture directement, celle-ci est scannée. Le fichier 3D de l’œuvre est alors enregistré et ensuite imprimé à la dimension souhaitée. Pour cela, on utilise de la cire, cette dernière fondant au contact du métal bouillant au moment de la fonte. Une technique qui facilite le travail d’agrandissement pour les sculpteurs. Cette imprimante 3D sert aussi bien à agrandir qu’à rétrécir. L’impression 3D s’est développée en réponse aux nouveaux défis des sculpteurs.

Ce type de technique n’a pas fini d’évoluer, il faut aller plus vite, améliorer la précision. L’équipe travaille sur la cire, sur les machines. Dans la fonderie plus traditionnelle, pour faciliter le travail, des modifications ont été apportées pour faire des moules plus gros. Et, pouvoir couler des pièces plus importantes. L’objectif est de gagner du temps, faire des grandes pièces et les couper en moins de morceaux. Les fours sont donc plus imposants.

Les nouvelles ambitions créatives du 3D : démesurées ?

Aujourd’hui, des logiciels permettent de faire du modelage numérique virtuel.  Donc des sculptures qui n’ont jamais été conçues peuvent être imaginées. Ce sont des pièces qui n’existent que potentiellement. Pour qu’elles prennent vie, il faut passer par une imprimante 3D qui imposera alors ses contraintes techniques. Il est facile d’imaginer des sculpteurs se mettant à la création virtuelle. Le point de départ est un scan que l’on duplique pour créer un mouvement. Il est aussi possible de réaliser à partir de rien. C’est une nouvelle technique. Donc, à l’avenir, des artistes sculpteront des matériaux de manière numérique.

«La poésie et le progrès sont deux ambitieux qui se haïssent d’une haine instinctive, et, quand ils se rencontrent dans le même chemin, il faut que l’un des deux serve l’autre.» Baudelaire

Cette diversité est intrinsèque à la nature même de la sculpture qui résulte des possibilités offertes à l’imagination humaine. Comme celle d’appréhender un espace tridimensionnel. Cette technologie offre des possibilités jusqu’alors inaccessibles en termes de production d’objets complexes. Elle présente toutes les caractéristiques d’un outil artistique : une véritable dimension technique, une créativité à inventer et des possibilités nouvelles.

Une immense liberté s’ouvre au sculpteur, car l’éventail des techniques et des matériaux est incroyable et inimaginable, les perspectives inédites !

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